Emma Doude van Troostwijk

Emma Doude van Troostwijk est l'écrivaine d’un premier roman remarqué, Ceux qui appartiennent au jour, paru aux éditions de Minuit en 2024, récit qui décrit une famille de pasteurs néerlandais où progressivement la mémoire des choses et des êtres s’efface… Ceux qui appartiennent au jour a notamment été récompensé par le Prix Robert Walser. La romancière vient à l’abbaye d’Ardenne pour l'écriture de son deuxième ouvrage, dont le titre provisoire est La Timidité. Dans ce récit, deux amies partent dans les montagnes de l’Atlas marocain à la recherche d’une petite maison, celle qui serait la maison de naissance de M., l’amie de la narratrice. Pour tout indice, une photo, et pour toute méthode, un certain goût pour retracer le fil de récits glanés ici et là. La Timidité est un texte en devenir qui se risque à l’exigence d’inventer une langue nouvelle, parcouru par l’idée “qu'écrire, c’est être prête à assumer que les gens sont tendres c’est-à-dire fragiles”.

Voici ce qu’en dit l’autrice :

« L’attention à la dimension géographique du récit, me permet de relier l’histoire individuelle des personnages à une histoire du monde contemporain, par la position de biais de la fiction : celle de la disparition d’écosystèmes, de l’urgence climatique et sociale, de l’importance de construire de nouveaux mondes durables et solidaires. Dans mon imagination, la maison rêvée par les deux personnages féminins en quête, ressemble à la maison Picassiette à Chartres, construite pendant trente ans par Raymond Isidore et décorée à l’aide de petits fragments ramassés au bord des chemins. Raymond Isidore a dit à ce propos : « j’ai ramassé des choses qui sont rejetées, que les gens ne veulent pas. Des briques cassées, des pierres, des morceaux de vaisselle que j’allais récupérer comme ça dans les champs. » Glaner des fragments que personne ne voit, les assembler et en faire quelque chose de beau. C’est ça, je crois, ce que j’ai envie d’explorer dans le métier d’écrire. »