Pierre Albert-Birot au confluent des avant-gardes
« Pierre Albert-Birot est une sorte de pyrogène / Si vous voulez enflammer des allumettes / Frottez-les donc sur lui / Elles ont des chances de prendre / Trop peu de pyrogènes aujourd’hui / Mais je ne dis rien des allumettes ». Un artificier de la création, un homme rare parmi les poètes et les artistes de son époque : tel est le jugement que porte sur lui Apollinaire, dont il fut l’un des plus proches amis.
Pierre Albert-Birot (1876-1967), venu tard à la poésie, à 40 ans, fut un infatigable expérimentateur. Tour à tour sculpteur, peintre, éditeur, imprimeur, poète, homme de théâtre, scénariste, il est aussi l’auteur d’une oeuvre à bien des égards pionnière. Fondateur de la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs, 1916-1919), il accueille les œuvres des créateurs les plus audacieux de son époque : Apollinaire, Soupault, Reverdy, Picasso, Zadkine, mais aussi Survage ou Chana Orloff. Dans son œuvre personnelle, il innove dans des domaines aussi variés que la poésie visuelle (poèmes-affiches, poèmes-pancartes), la poésie sonore (poèmes à crier et à danser), le théâtre (pièces pour marionnettes, théâtre circulaire) ou le cinéma avec ses ciné-textes poétiques. Il s’illustre dans le haiku comme dans l’épopée, avec son Grabinoulor, une coulée de près de 1 000 pages sans aucun signe de ponctuation. Parallèlement, il explore dans toute son œuvre, une série de thèmes récurrents qui sont la marque de son univers : la relation avec les arts, le double intérieur, la quête des origines.
Longtemps éclipsée par les surréalistes, qui ne lui pardonnaient pas son indépendance, l’œuvre de Pierre Albert-Birot fait l’objet d’une nouvelle reconnaissance. Il importe aujourd’hui de retracer le parcours peu commun de ce créateur joyeusement moderne qui, sûr de son chemin, écrivait : « Je peux conduire, ou marcher côte à côte, marcher derrière, jamais ». Le présent colloque se donne ainsi pour but d'étudier comment Albert-Birot, à l'issue d'un long cheminement vers la modernité, découvrit les avant-gardes et y participa pleinement, sans adhérer à aucune école ni même à aucun mouvement autre que le nunisme, qu'il avait fondé. Il sera ainsi l'occasion de mesurer sa place dans les avant-gardes européennes, dans les arts de la scène et les arts visuels, mais aussi dans l'univers de l'épopée avec Grabinoulor. Ses relations avec les peintres et les poètes seront aussi abordées.
Ce colloque constitue l'une des manifestations phares de l'année 2017, parallèlement à une série d'autres événements organisés autour de l’œuvre de Pierre Albert-Birot : Huitièmes Rencontres poétiques à l'Imec en partenariat avec le Rectorat de l'académie de Caen d'octobre 2016 à mai 2017, publication de Petites gouttes de poésie avec quelques poèmes sans gouttes (poèmes d'Albert-Birot et illustrations de Bobi + Bobi, Møtus) en février, parution d'un numéro double de la revue Europe « Pierre Albert-Birot / Claude Cahun » en avril, entre autres.
Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa
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