La vaillance du libraire de La Porte étroite

Animer une minuscule libraire d'art et de bibliophilie dans un local confiné de la rue Bonaparte est en soi un exploit. Mais avant de fermer La Porte étroite pour de bon, son gérant, Claude Schvalberg, s'est livré à une autre prouesse : publier, en 2014, un Dictionnaire de la critique d'art à Paris, 1890-1969, bilan de quarante années de veille documentaire. Et qui plus est – au moment où la déferlante numérique achève ce que la photocopie avait commencé – un dictionnaire en papier sous couverture rigide. Les Presses universitaires de Rennes ne s'y sont pas trompées ; l'ouvrage « le Schvalberg », est devenu une référence pour les universitaires comme pour les professions liées au marché de l'art. Ce projet éditorial longuement mûri correspond aussi à un atavisme qui remonte à la création de La Porte étroite. Fondée en 1921 par Yvonne Vierne, la librairie est reprise trois ans plus tard par Madeleine Feuchwanger qui donne son nom à La Porte étroite et s‘empresse de créer une collection bibliophilique à laquelle contribuent Georges Duhamel, André Gide, Joseph Kessel, Valery Larbaud, André Maurois, Paul Valéry… En plus de la collection bibliophilique de Madeleine Feuchwanger, l'apport principal de Claude Schvalberg aux collections de l'IMEC consiste en un très bel ensemble de catalogues, répertoires, lexiques, méthodes, registres, recueils ou mémoires… En somme, ce que l'on aime feuilleter dans une bibliothèque patrimoniale comme celle de l'IMEC à l‘abbaye d'Ardenne, de L'Art d‘enluminer (1890) au Petit Manuel de l'Amateur de livres (1927) ou au Bon usage des bibliographies (1973).

Yves Chevrefils Desbiolles
Les Carnets de l'IMEC, n° 7, printemps 2017, p. 31.

Les archives de La Porte étroite.