Virilio, Paul (1932-2018)

Urbaniste, sociologue et philosophe, penseur des nouvelles technologies et de la géopolitique contemporaine, Paul Virilio est l'une des grandes figures de la French Theory. Menant une inlassable réflexion sur le phénomène de la vitesse et de l'« accélération effrénée du monde », il va en révéler les conséquences morales, politiques et culturelles et s'affirmer comme un des grands théoriciens de la modernité. La ville, le virtuel, l'immatérialité, la désintégration des territoires, la mondialisation, l'écologie, l'accident et la catastrophe, la guerre sous toutes ses formes sont au cœur de son travail. Maître verrier formé à l'Ecole nationale supérieure des métiers d'art de Paris, le jeune Paul Virilio collabore avec des peintres (Poliakoff, Matisse, Chagall, Braque) et suit des cours en auditeur libre à la Sorbonne dans les années 1950. En 1957, il entreprend une étude phénoménologique des territoires militaires et s'intéresse, notamment, aux bunkers du mur de l'Atlantique. Ce travail se conclura en 1975 par Bunker Archéologie au Musée des Arts Décoratifs, pour la CCI Beaubourg. Il s'agit alors de la première d'une longue série d'expositions qui se tiendront principalement à la Fondation Cartier pour l'Art contemporain. En 1963, Paul Virilio fonde avec le sculpteur Morice Lipsi, le peintre Michel Carrade et l'architecte Claude Parent, « Architecture Principe », qui formera de grands noms de l'architecture tel, Jean Nouvel. L'année suivante, il publie le numéro 1 d'Architecture Principe, manifeste pour une « architecture oblique » et devient professeur à l'Ecole spéciale d'architecture (ESA) qu'il dirigera plus tard. Il joue un rôle important au sein du comité de rédaction de plusieurs revues : Esprit, Cause commune (qu'il crée avec Jean Duvignaud) et Traverses (au Centre Pompidou) de 1975 à 1984. Directeur de la collection « L'espace critique » à partir de 1974 aux éditions Galilée, son premier essai, L'Insécurité du territoire parait en 1976 chez Stock. Les nombreuses publications qui suivront porteront sur tous les domaines culturels : la géopolitique, la stratégie militaire, le cinéma ou l'informatique, et le feront connaître dans des milieux très divers. Grand prix national de la Critique architecturale en 1987, il deviendra directeur de programme au Collège international de philosophie en 1990 sous la direction de Jacques Derrida.