Ragon, Michel (1924-2020)
Né en 1924, Michel Ragon fut élevé dans une famille vendéenne modeste, composée de paysans et de domestiques. Après la mort de son père, sous-officier colonial, en 1932, la famille s'installe à Nantes jusqu'à la Libération. Ce fut à cette période (relatée dans Drôles de métiers , 1953) que le jeune Michel débuta dans la vie active à travers une succession de petits boulots - à commencer par celui de saute-ruisseau. Il trouva à satisfaire son inlassable attirance pour la littérature, en puisant le soir dans les bibliothèques des appartements gardés par sa mère. À partir de 1943, le jeune homme profita de ses rares moments de liberté pour rendre visite à René-Guy Cadou. Il s'engagea aux côtés de la Résistance, manqua d'être arrêté et termina l'Occupation dans la clandestinité pour avoir fabriqué des faux papiers et rédigé des tracts antinazis. Parti pour Paris afin de soumettre à Henry Poulaille son projet d'une Histoire des écrivains du peuple, celui-ci édita effectivement ses premiers textes et l'aida à fonder la revue Les Cahiers du peuple (1946) Sa rencontre avec Armand Robin lui permit d'être introduit auprès du milieu anarchiste : il se lia rapidement avec le pacifiste Louis Lecoin et le célèbre historien du mouvement ouvrier Édouard Dolléans, qui chercha à l'attirer, sans succès, vers un cursus universitaire. L'indépendance d'esprit dont il fait preuve le mena ainsi à débuter dès l'année suivante une carrière de critique d'art, proche du groupe COBRA, parallèlement à ses activités de poète (premier recueil de poèmes en 1952) et de romancier. Après quelques retours aux travaux manuels, en Angleterre et à Paris, il s'installa comme bouquiniste sur les quais de Seine, devenant secrétaire du syndicat et du Prix des bouquinistes en 1954. Durant la seconde moitié des années cinquante, il effectua de longs séjours au Japon, aux États-Unis, en Amérique du sud et en Afrique. Sa notoriété de critique d'art alla croissant, jusqu' au début des années soixante, où l'évolution du marché de l'art modifia profondément ses relations avec les galeries et les plasticiens. Entretemps, Michel Ragon s'était trouvé une nouvelle passion : l'urbanisme et l'architecture. Les conditions de vie dans la France d'après-guerre présentaient de profondes difficultés structurelles et les solutions de grands ensembles retenues par les pouvoirs publics s'avéraient rapidement sources de nouvelles inégalités. Il publia Où vivrons-nous demain ? (1963), fonda le GIAP (Groupe international d'architecture prospective, 1965) auquel il participa activement, tint la rubrique « Architecture » dans la revue Planète , et publia divers essais sur l'urbanisme jusqu'à sa monumentale Histoire mondiale de l'architecture et de l'urbanisme modernes (1971-1972). En 1980, il débuta, avec L'Accent de ma mère , un cycle historico-littéraire de cinq ouvrages sur la Vendée, hanté par le spectre des colonnes infernales, ponctué par Les Mouchoirs rouges de Cholet en 1984. Dans le prolongement de son engagement personnel, il bâtit la trame d'un imposant romanclé : La Mémoire des vaincus (1989). Dans cette grande fresque historique retraçant l'histoire du mouvement libertaire au vingtième siècle, l'écrivain déploie une impressionnante maîtrise dans la conduite du récit, nourri par une abondante documentation. À côté de nombreuses monographies sur des peintres (Karel Appel, Soulages, etc.), Michel Ragon a écrit une Histoire de la littérature prolétarienne qui fait autorité, des biographies de Karl Marx, de François Rabelais, de Gustave Courbet, un essai sur Louise Michel et Georges Clemenceau, et a commencé à publier ses mémoires ( D'une berge à l'autre et Le Regard et la Mémoire , 1997) puis en 2014 un Journal d'un critique d'art désabusé . Il a également livré en 2008 un Dictionnaire de l'Anarchie .
Présentation du contenu :
Le fonds comporte des notes et dossiers de travail, des archives éditoriales, de la correspondance et des dossiers de presse. L'ensemble de ses publications (et leurs traductions) complètent les archives. Michel Ragon a également déposé une collection d'éditions rares de poésies contemporaines.
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