Buchet Chastel
En 1930, Edmond Buchet (juriste et écrivain d'origine suisse) et Jean Chastel sont engagés pour prendre la gérance des Éditions Corrêa, fondées par Roberto Corrêa, découvreur de talents et éditeur attentif, mais peu doué pour les affaires. Devenus respectivement directeur commercial et directeur de la fabrication, Buchet et Chastel reprennent la maison d'édition, déclarée en faillite en 1936, et lui accolent leur deux noms: le nom de Corrêa ne disparaîtra progressivement qu'à la fin des années cinquante. Edmond Buchet a raconté dans un livre de souvenirs, Les Auteurs de ma vie, la progression de la maison d'édition, restant farouchement indépendante au prix de sacrifices importants, tant dans les années trente que durant l'Occupation. Exploitant habilement le portefeuille d'auteurs laissés par Corrêa, Jacques Maritain, Jacques Rivière (pour son roman posthume, Florence), Blaise Cendrars ou François Mauriac, amenés par Charles Du Bos, Buchet-Chastel, sur la suggestion d'un éditeur autrichien installé aux États-Unis, lancent une collection d'anthologies de classiques préfacés par des romanciers, «Les Pages immortelles», promise à un beau succès de librairie: Rousseau (R. Rolland), Montaigne (Gide), Schopenhauer (T. Mann), Voltaire (Maurois), Tolstoi (S. Zweig) figurent parmi les premiers titres.Ami de Charles Plisnier, (Prix Goncourt 1937 pour ses deux romans Faux-Passeports et Mariages), d'Henry Miller et de Roger Vailland, qu'il contribue à «lancer», Edmond Buchet a également été à l'origine des premières publications d'auteurs aussi différents que Maurice Sachs, Michèle Bernstein, Évelyne Mahyère ou Maria Le Hardouin (Prix Femina 1949), tout en se réservant le privilège de publier des textes inédits de Gustave Flaubert. Homme d'affaires avisé, il sait repérer les best sellers, tel Vivez jeune, vivez longtemps de Gayelord Hauser (1958) et, parallèlement, apprécier l'évolution des mentalités, comme en témoigne la confiance mutuelle avec Guy Debord, qui publie chez lui La Société du spectacle en 1967. C'est cette indépendance d'esprit qui lui avait fait confier, après guerre, à François Erval une collection de littérature étrangère, «L'Éventail», et à Maurice Nadeau le domaine anglo-saxon, avec « Le Chemin de la vie », où se succèdent Henry Miller, Lawrence Durrell, Erskine Caldwell, Malcolm Lowry, achevant de donner une envergure internationale au catalogue. Humaniste et «honnête homme», Edmond Buchet s'intéressa aussi à la musique et aux arts, et lancera avec succès la collection « Musique », qui survivra à son départ en 1968. De 1970 à 1994, Guy Buchet, le fils du fondateur, s'attachera à développer, à côté du catalogue de littérature, les collections non littéraires, notamment la série « Spiritualité » autour du yoga et de la pensée bouddhiste.La maison sera ensuite dirigée par Pierre Zech directeur de Dessain et Tolra entre 1962 et 1986. Descendant d'une lignée d'éditeurs belges remontant au dix-huitième siècle, Pierre Zech rachète Buchet-Chastel, Le Sénevé et Lethielleux en 1995 il stimule la production religieuse, développe le secteur du livre pratique et donne aux collections littéraires une note plus grand public.En 2001, Buchet-Chastel intègre le groupe Libella, dirigé par Vera et Jan Michalski, à travers son achat par l'éditeur suisse Noir sur blanc en 2000. Depuis cette date, l'enseigne s'est employée à renouveler sa dominante littéraire (près de cinquante nouveautés par an) à travers les fictions française et étrangère, les essais et documents, et la création d'une collection de littérature contemporaine («Qui vive»).
Présentation du contenu :
Le fonds comporte des dossiers éditoriaux, juridiques, dossiers de fabrication et dossiers de presse, ainsi qu'une part significative de la bibliothèque historique.
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