Flocon, Albert (1909-1994)
Famille, amis, collègues, tous se souviennent du bon caractère d'Albert Flocon. Ce trait positif porte-t-il en lui une prédisposition à la " rêverie " chère à Gaston Bachelard ? Au début des années 1950, à deux reprises, le philosophe a dialogué avec Albert Flocon au micro de Jean Amrouche. Pour Bachelard, la maîtrise d'un métier aussi difficile que celui du buriniste relève d'une rêverie particulière, celle de la volonté ; toute gravure au burin serait le fruit d'une " impatience de la volonté constructive " dont témoigne la brusquerie des gestes du graveur lorsque la pointe d'acier attaque le cuivre. Sans contredire le philosophe, Jean Amrouche attire plutôt l'attention sur la "douceur inexorable" de la main du graveur dans les opérations de polissage et d'essuyage qui précèdent et succèdent à l'entaille. Ce contraste qui caractérise les gestes du buriniste est à l'image de la vie d'Albert Flocon. Au Bauhaus de Dessau, où il étudie de 1927 à 1929, celui qui s'appelait encore Albert Mentzel est profondément marqué par l'enseignement théâtral d'Oskar Schlemmer ; l'attention portée à l'homme qui se meut dans l'espace, c'est-à-dire sur la vaste scène du monde réel, restera la donnée essentielle de son activité plastique. En 1933, fuyant le nazisme, il arrive en France avec sa femme et sa fille ; Mentzel travaille d'abord dans le monde de la publicité auprès de Victor Vasarely avant de s'installer à la campagne comme encadreur. Il dessine beaucoup. En 1939, d'abord enfermé au camp de Chambaran, il s'engage dans la Légion étrangère, puis rejoint la résistance du côté de Toulouse. Arrêté, il s'intéresse durant son incarcération à la perspective et aux points de fuite. À la Libération, Albert Mentzel apprend que sa femme et sa fille ont été assassinées à Auschwitz parce que juives ; après la guerre, il choisit de porter le nom de sa grand-mère maternelle, d'origine française. Albert Flocon apprend alors le métier de buriniste. En 1949, ses premières estampes sont publiées dans un ouvrage comportant des poèmes composés pour lui par Paul Éluard. En 1954, il obtient le poste de professeur de dessin à l'École Estienne, puis en 1964, il devient titulaire de la chaire de perspective à l'École des Beaux-Arts de Paris. Avec André Barre, il met au point la théorie de la perspective curviligne.
Présentation du contenu :
Les archives d'Albert Flocon comprennent la correspondance du graveur, les dossiers préparatoires de ses ouvrages et plusieurs dizaines de carnets restés en possession de ses ayants droit : carnets de notes et de dessins au fusain, à la craie grasse, à la plume (nombreux portraits, dont plusieurs de Bachelard), des gravures et des épreuves des cuivres de ses ouvrages, un abécédaire de Victor Hugo, des écrits et de la documentation sur la perspective, le lien entre mathématiques et art, entre typographie et architectonique, datant de l'époque où il était professeur à l'Ecole Estienne et aux Beaux-Arts. On trouve également une importante correspondance avec Escher, avec le graveur suisse Yersin et avec de nombreux artistes, des dessins de la Libération de Toulouse, ses projets d'ouvrages ou d'expositions, son autobiographie, des dossiers de presse, etc.
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