Ogien, Ruwen (1947-2017)
Penseur libertaire inspiré par la philosophie analytique anglo-saxonne, Ruwen Ogien a fondé le courant de « l'éthique minimale ». D'origine juive polonaise, enfant de parents rescapés de la Shoah, il arrive à Paris à l'âge de deux ans, en 1949. Il reçoit d'abord une formation d'anthropologie sociale, après un passage par le dessin et la caricature. Marqué par la lecture de Claude Lévi-Strauss, il soutient en 1978, sous la direction de Georges Balandier, une thèse de sociologie à la Sorbonne. Les thèmes de l'immigration et de la pauvreté, récurrents par la suite tout au long de son œuvre, sont déjà prédominants. À partir de la fin des années 1980, il se « convertit », selon ses termes, à la philosophie, passe une seconde thèse de doctorat en 1991 sous la direction de Jacques Bouveresse et, à la suite de plusieurs séjours notamment à Cambridge, New York et Montréal, lit John Rawls et se forme à la philosophie analytique anglo-saxonne. « C'est par la question des normes sociales qu'il a été amené à s'intéresser aux normes morales » indique Monique Canto-Sperber. Son œuvre va alors se développer à la fois dans le domaine de la philosophie morale et dans celle des sciences sociales. En l'espace de trois décennies, il publie une trentaine d'ouvrages et déploie une grande activité, à la fois en tant que directeur de recherches au CNRS, membre du Centre de Recherche en Éthique que sur le blog de Libération . Ses travaux de philosophie morale s'efforcent de penser, hors de tout moralisme, une « éthique minimale » dont l'unique impératif tient dans le souci de « ne pas nuire à autrui ». Il pose ainsi les bases de ce qu'il désigne comme une « philosophie morale expérimentale » à partir de laquelle il construit diverses prises de position qui rencontrent, dans les années 2000 et 2010, une audience importante auprès d'un public jeune et de culture diversifiée : défense du mariage homosexuel, homoparentalité, liberté de se prostituer, gestation pour autrui. Ses livres tranchent aussi bien par leur ton que par leurs thèmes, qu'ils traitent d'émotion, telles que la haine ou la honte, de l'argent, de la pornographie, de la drogue, du suicide assisté ou du débat bioéthique. Après un grand nombre de livres marquants, de La Faiblesse de la volonté , en 1993, à L'Éthique aujourd'hui : maximalistes et minimalistes , en 2007 ou L'État nous rend-il meilleurs en 2013, il publie quelques semaines avant sa mort en 2017 une réflexion sur la maladie : Mes mille et une nuits : la maladie comme drame et comme comédie . Directeur de recherche au CNRS, Ruwen Ogien était membre du laboratoire Sens éthique et société.
Présentation du contenu :
Ce fonds est composé de manuscrits, dont Mes mille et une nuits et L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine , de quelques épreuves, de notes de cours, d'articles, notamment "Le porno a bon dos" et "Que fait la police morale ?", et surtout de nombreux dossiers de travail, organisés selon des thématiques, telles que la pornographie, l'éthique et la responsabilité, ou de manière chronologique. Ces documents illustrent les activités de recherche de Ruwen Ogien, en tant qu'écrivain et philosophe, mais aussi comme membre de groupes de réflexion, tels que le Centre de recherche, sens, éthique et société (CERSES), ou le Centre de recherche en éthique appliquée (CREA). Le fonds se compose également de textes manuscrits et dactylographiés, présentés à l'occasion de séminaires ou conférences, ainsi que de la documentation de travail de Ruwen Ogien. Enfin, l'ensemble, très riche et dense, comprend de la correspondance, éditoriale et professionnelle, intégrée au fonds.
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