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Matières premières

Le livre pendant l'Occupation

19. René Tavernier et Louis Aragon : de l’importance de la typographie…

Censure

Alors que Louis Aragon trouve son poème « rendu crétin » par l’erreur de l’imprimeur, le secrétaire général à l’Information Paul Marion juge, lui, que certains passages relèvent de ces « clins d’œil complices au lecteur averti » : le quatrain 11, « Lorsqu’un peuple s’enfuit devant l’envahisseur / Il laisse sur ses pas les ruines de sa vie » évoque en effet la malheureuse période de la Débâcle et de l’Exode ; les quatrains 18, « Nous nous sommes durcis au feu de nos périls / Nous attendrir sur tout en avions-nous le temps / Nous avons désormais un idéal viril / et la loi de nos cœurs est la loi du comptant » et 20, « Moi j’écoute ces voix qui montent du désastre / et je ferme Racine et je rêve à mon gré / Le ciel n’a pas perdu le compte de ses astres / Rien n’enlève à l’amour le droit de soupirer », peuvent argumenter en faveur de la désobéissance civile et de la Résistance… « C’est pourquoi je viens de suspendre pour deux mois, écrit Paul Marion à René Tavernier le 24 août 1942, la revue mensuelle “Confluences” […] J’ai pris cette sanction à regret, mais, pour des raisons fort simples à entendre, je l’appliquerai à d’autres Revues chaque fois que leurs collaborateurs emploieront la méthode dénoncée. »

Archives Confluences, Imec