Le livre pendant l'Occupation
20. Retrouvailles du couple Marguerite Duras - Robert Antelme
Depuis Dachau
Lettre de Robert Antelme, écrite depuis Dachau le 6 mai 1945 et transmise à Marguerite Duras quelques jours plus tard par une employée de l’Aumônerie générale qui accompagne l’armée américaine : « Dimanche dernier à cette heure-ci la mitrailleuse se faisait entendre dans le camp. Nous étions enfermés dans les blocks, “cela” a duré à peine une heure ; nous avions changé de planète. / Jeudi, François [Mitterrand] et Jacques [Bénet] m'ont surpris nu aux douches. Dans quel état était le pauvre Robert, prêt à pleurer, pleurer… […] Ils m'ont promis de venir et même d'être ici demain lundi vraisemblablement. Je l'ai dit à Jacques, il faut que je rentre ; je ne suis pas malade, mais je suis un peu à bout de course, alors la vie du camp est trop fatigante. Je n'en dis pas plus, je sais qu'ils m'ont compris. » Sur le conseil de François Mitterrand – qui représente la France aux côtés du général Lewis pendant la libération des camps, à la demande du général de Gaulle –, Dyonis Mascolo ira chercher lui-même en voiture Robert Antelme à Dachau et, déjouant la stricte gestion du camp par l’armée américaine, l’arrachera au mouroir des malades du typhus et le ramènera agonisant à Paris.