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Matières premières

Le livre pendant l'Occupation

5. Les imprimeurs en première ligne

Combat

Pascal Pia rend hommage à l’imprimeur de Combat clandestin, André Bollier, alias Vélin. Surpris par la Gestapo et la Milice au siège de son imprimerie clandestine, rue Viala, le 17 juin 1944, il est tué au cours de l’assaut.

« Il ne s’appelait pas Vélin – il s’appelait en réalité Bollie [sic] – mais comme Henri Frenay, l’animateur du mouvement “Combat”, l’avait chargé d’un service d’impressions clandestines, il avait pris pour pseudonymes des noms empruntés au métier de l’imprimerie. Avant d’être Vélin, il avait été Carton, et quand il mourut il s’appelait depuis un mois Alfa. Mais nous n’avons pas eu le temps de nous habituer à le nommer Alfa, et c’est sous le nom de Vélin qu’il trouvera sa place dans la légende de la Résistance française. […] Il se lança à corps perdu dans la Résistance. Il doit faire imprimer Combat, à Lyon, et non seulement le faire imprimer, mais le diffuser à travers tout le pays. Il le diffuse si bien que le tirage de cette petite feuille atteint de tels chiffres que les imprimeurs n’osent plus se charger d’un volume si considérable de presse clandestine. Les difficultés ne le rebutent point. Il loue un local dans un quartier excentrique de Lyon, achète des caractères d’imprimerie ici et là, et une vaste et lourde machine qu’il fait venir de Grenoble en morceaux, par pièces détachées, et qu’il remontera de ses mains. Ainsi il peut tirer toutes les trois semaines 300 000 exemplaires de Combat, sans parler d’autres feuilles clandestines qui ont recours à ses services lorsque les imprimeurs établis font défaut.

Un jour, la gendarmerie l’arrête. Il s’évade, presque aussitôt. L’imprimerie n’est pas découverte. Quelques mois plus tard, la Gestapo l’arrête à son tour à Lyon. Elle le garde 54 jours, mais le 55e jour, il saute par une fenêtre et s’évade de l’École de Santé où on l’avait conduit pour un nouvel interrogatoire. La Gestapo avait eu beau le torturer, il n’avait pas parlé. L’imprimerie n’est pas découverte.

Il reste à Lyon et reprend son dangereux travail, comme un ouvrier zélé revient le matin à l’atelier qu’il a quitté la veille. Mais il circule armé, un Colt sous son veston. La Gestapo découvre enfin son imprimerie, que 200 S.S. et miliciens attaquent à coups de grenade. Un typographe et un photograveur sont tués, une secrétaire blessée. Vélin escalade un mur et tire. Avant d’être abattu, il tue tout de même trois miliciens. »

Archives Pascal Pia/Imec