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art press, une archive du contemporain
art press fête cette année ses 50 ans et publie son 500e numéro. Flore Di Sciullo a soutenu en 2020 une thèse qui constitue la première étude monographique de cette revue créée par la critique d’art Catherine Millet, le galeriste Daniel Templon et le collectionneur Hubert Goldet. Elle revient ici sur les enjeux de sa recherche.
L’ensemble des numéros publiés, des éléments issus de plusieurs fonds conservés à l’Imec et dans les locaux de la rédaction, des entretiens avec certains contributeurs : l’étude de ces différents corpus permet d’appréhender art press à la fois comme une archive, une institution, un support de médiation et un acteur dans la médiatisation des questions de société. Ce travail mobilise également plusieurs outils : la sémiotique, l’histoire de l’art, les sciences de l’information et de la communication.
L’hypothèse principale est qu’art press illustre les mécanismes de compétition et de lutte pour la visibilité à l’œuvre dans l’art contemporain. La reconnaissance dont jouit la revue tient pour une grande part à l’articulation qu’elle propose entre les discours esthétique et politique, et à sa volonté d’offrir une lecture aussi exigeante que délinéarisée de la création. La consultation des différentes livraisons d’art press permet ainsi de traverser une large part des courants artistiques et intellectuels les plus notables depuis la deuxième moitié du XXe siècle.
L’étude d’art press est riche d’enseignements quant au rôle que joue l’art contemporain dans la société, sur l’importance de la pression capitaliste dans son fonctionnement et sur la tension entre les différents imaginaires qui le sous-tendent. La revue a su composer avec le contexte médiatique et économique dans lequel elle s’insère et les injonctions qui en découlent : relation avec le marché, les galeries d’art et les institutions muséales, dialogue avec le lectorat, présence numérique. Son hybridité, à la fois formelle, éditoriale et idéologique lui permet d’occuper plusieurs terrains simultanément et de maintenir une position contestataire par ses choix éditoriaux. En effet, l’une des principales caractéristiques d’art press est la constance avec laquelle ce périodique assoit son autorité dans les arènes publiques, notamment par une dénonciation récurrente de la censure.
En envisageant les productions artistiques dans leur rapport aux textes et aux images d’information, ce travail tente enfin d’interpréter les discours sur l’art construits par art press, et de comprendre de quelles représentations collectives ceux-ci peuvent relever.
Flore Di Sciullo
Docteure en sciences de l’information et de la communication. Université Paris Panthéon-Assas
Cahier de préparation du premier numéro de art press, décembre 1972. Archives art press/Imec.