André Mare, un artiste dans la Grande guerre
Lorsque la guerre est déclarée en 1914, le peintre et décorateur André Mare (1885-1932) rejoint le 3e régiment d’artillerie. Il y débute ses Carnets de guerre, récit détaillé des événements quotidiens, mêlés de réflexions personnelles sur son art. L'œil du peintre retient du chaos ambiant, parmi les faits dont il est témoin, des scènes, des portraits, dans un style cubiste plus marqué à mesure que la guerre s’impose dans la durée. Au texte et aux dessins s’ajoutent des photographies, prises sur le vif, montrant les paysages dévastés ou les moments d’accalmie dans les tranchées.
Au début 1916, André Mare rejoint la section camouflage de l’armée. Cette technique nouvelle, née un an auparavant des observations et suggestions du peintre Victor Guirand de Scévola, est officialisée comme section militaire à l’été 1915. On y recrute des artistes de tous styles, des illustrateurs comme des peintres de décors de théâtre. Le cubisme trouve là une application inattendue. André Mare y retrouve ses amis André Dunoyer de Segonzac et Roger de La Fresnaye et se spécialise dans les arbres-observatoires. Ces faux arbres blindés sont réalisés sur le modèle d’arbres existants auxquels ils sont substitués lors des nuits sans lune. Un soldat peut ensuite s’y glisser pour observer les lignes ennemies.
En mars 1916, André Mare est désigné avec une dizaine de ses camarades pour former à ces nouvelles techniques les troupes anglaises stationnées près de Boulogne-sur-Mer. Au mois de mai, il est pris dans un bombardement aux gaz, ce qui lui causera des dommages irrémédiables aux poumons, écourtant sa vie future. Ses compétences et les risques pris lui valent de recevoir en août 1916 la Military Cross, remise par le roi Georges V.
Le 12 mars 1917, alors qu’il se prépare à installer une structure, il est grièvement blessé : trois éclats d’obus l’atteignent, au cou et à la jambe. Le hasard fait qu’il est opéré et sauvé par l’écrivain Georges Duhamel qui a repris son métier de chirurgien et qui fut, en 1911, l’acheteur de la salle à manger qu’André Mare avait créée et exposée au Salon d’automne.
À la fin de 1917, il est à nouveau sollicité comme formateur aux techniques de camouflage, en Italie cette fois, et pendant presque cinq mois. Ses carnets témoignent de cette découverte de nouvelles lumières, de nouveaux paysages qui lui laisseront une impression durable pour les années à venir.
Démobilisé en mars 1919, il se consacrera ensuite au développement de la Compagnie des arts français, en collaboration avec l’architecte Louis Süe.
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Dans la salle de lecture de l’Imec, une bibliothèque d’études est consultable en accès libre pour toutes les personnes inscrites.