Archives : des vies, des voix
« Le secret, avec les boîtes,
C’est de rester à l’extérieur »
Roland Dubillard
Archiver, c’est procéder à un ensemble de tâches, à la fois très concrètes et purement intellectuelles, c’est mener un processus qui permettra de donner une structure et une description précise à un ensemble documentaire afin d’en révéler la richesse et l’intérêt. Suivons le chemin de l’archive et de ses transformations, au cœur du service des collections de l’IMEC.
Un fonds d’archives, quel qu’il soit, est d’abord défini par ses caractéristiques matérielles. Il peut être parfois volumineux, sous des conditionnements divers, dans des états sanitaires variables, mais c’est avant tout un territoire physique à découvrir, dans lequel il faut trouver des signes. Y a-t-il des indications qui permettent de se guider, des ensembles qui se détachent ? Quelle est la topographie qui se dessine ?
L’ouverture des premières boîtes est un jeu de pistes. Peu à peu, les premières impressions se dégagent : ordre voulu et tenu toute une vie par l’auteur, ordre fonctionnel de services éditoriaux, ordre établi par les hasards et les circonstances (lieux différents, déménagements, guerres...), ensembles documentaires très complets ou au contraire parcellaires. Toutes les situations sont possibles, faisant de chaque fonds un cas unique.
Cette découverte s’accompagne, en parallèle, d’une recherche d’informations sur le producteur des archives : biographies, bibliographies, témoignage des déposants. Tout élément est le bienvenu pour nourrir cette première exploration-réflexion : que devrait-on trouver, que pourrait-on trouver ? Certaines questions resteront peut-être sans réponse, mais la compréhension du contexte de production et des différents éléments en présence s’affine.
Lorsque cette connaissance est aussi complète que possible, l’archiviste peut envisager l’élaboration d’un plan de classement, structure de l’inventaire qui sera la carte de ce territoire nouvellement découvert. Le tri pourra alors être mené, pour donner un ordre physique aux documents, leur attribuer un nouvel habit de conservation, sous forme de surchemises et dossiers en papier non-acide, et les doter d'une cote qui permettra de les localiser et de les consulter.
Le traitement physique et le traitement intellectuel sont intimement liés. Trier, c’est regrouper selon des catégories théoriques, affinées autant qu’il est possible, qui permettent de constituer des ensembles : dans l'oeuvre, les poèmes, les traductions, les cours, les conférences..., dans la correspondance, ce qui relève de la correspondance professionnelle ou de la correspondance personnelle, etc... Trier, c’est aussi retrouver une chronologie, rattacher le document à une indexation implicite ou explicite. C’est au moment du tri que sont posés tous les jalons de la description.
Mais la neutralité technique due à l’expérience ne saurait faire taire ces voix qui renaissent. C’est là le paradoxe de l’archive, trace archéologique d’un passé mais aussi présent permanent, un matériau d’où rejaillissent les voix des auteurs et autrices, les éclats des débats, le murmure de pensées qui se cherchent.
Les documents d’archives, quittant les réserves des sous-sols, peuvent alors arriver devant les chercheurs, sur les tables de l’abbatiale, prêts pour de nouvelles vies, de nouvelles incarnations.
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