Molière vu par Pierre Brisson
À l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de Molière, regardons dans quelques fonds d’archives conservés par l’IMEC quelles sont les apparitions, incarnations et métamorphoses de ce dramaturge symbole de la culture française.
Journaliste, directeur du Figaro, Pierre Brisson (1896-1964) a débuté comme secrétaire de rédaction aux Annales politiques et littéraires, revue fondée par son père Adolphe Brisson, et comme critique dramatique au journal Le Temps où ses chroniques étaient aussi lues, admirées que redoutées. De 1923 à 1934, il a écrit sur ce qui se jouait à Paris en tenant pour essentiel l’intelligence du texte. Les archives de Pierre Brisson contiennent plusieurs albums de coupures de presse dans lesquels ces chroniques ont été collectées.
En 1935, à l’occasion de la publication de son recueil d’articles Au hasard des soirées, il déclare en préface « (…) les conditions du théâtre n’ont jamais été meilleures qu’aujourd’hui. Après bien des détours et des combinaisons, une vérité vient d’être redécouverte : l’importance du texte sur la scène. L’auteur reprend sa place. C’est de lui qu’on attend le salut. Cette réforme considérable, en pleine voie d’accomplissement, ouvre de grands espoirs et donne déjà la mesure de ses bienfaits. »
Dans ce recueil, Molière occupe la place d’honneur puisqu’il s’ouvre par deux longs articles, l’un sur une représentation de L’Avare à l’occasion des 450 ans de la Comédie française, l’autre sur « La question Pourceaugnac ».
En 1942, Pierre Brisson consacre à l’auteur une monographie, Molière, sa vie dans son œuvre, dans laquelle, annonce-t-il en avant-propos, « on y trouvera en même temps que l’examen de ses pièces l’histoire des sentiments qui ont préparé, accompagné et suivi leur création ».
S’appuyant avant tout sur sa connaissance précise des œuvres, ainsi que sur l’ouvrage de Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest (1659-1713), premier biographe de Molière et sur les travaux de Gustave Michaut (1870-1946) pour les aspects historiques, Pierre Brisson propose un ouvrage qui, selon plusieurs critiques, échappe à « l’écueil de la biographie romancée ». L’ouvrage a reçu un accueil favorable, avec notamment de longs articles d’Émile Henriot, Kléber Haedens, Marc Beigbeder ou Maurice Blanchot.
En 1957, Pierre Brisson reprendra dans Propos de théâtre quelques-unes de ses chroniques écrites après 1945 et là encore, Molière sera à nouveau à l’honneur, avec « Controverses avec Jouvet à propos de ses Fourberies de Scapin, jouées par J.-L. Barrault » et « Lettre à Madeleine Renaud sur Célimène ».
Il est à noter que les archives d’Adolphe Brisson, père de Pierre Brisson, contiennent également des manuscrits d’articles de critique dramatique, notamment sur Molière.
L'inventaire des archives de la famille Sarcey-Brisson est consultable en ligne.
Références bibliographiques :
- Au hasard des soirées de Pierre Brisson est publié aux éditions Gallimard
- Les articles publiés de Pierre Brisson peuvent être lus dans Les Annales politiques et littéraires partiellement numérisées et disponibles sur Gallica (1883-1928) et dans Le Figaro (numérisé jusqu’en 1951).