Aller au contenu
Recherche
Matières premières

Coupures surréalistes

4. La poésie

Ce mot de poésie recouvre un malentendu, puisque les surréalistes ne l’employaient pas dans son sens banal, mais l’élargissaient bien au-delà de la question du poème. Même si la poésie peut à l’occasion circuler dans l’écriture, ce n’est pas son milieu électif ou exclusif, parce qu’elle a immédiatement affaire au plus vivant, comme le souligne ce texte de Claude Courtot.

« Il m’importe avant tout qu’on me raconte avec force détails des récits que je n’aurais jamais imaginés, des histoires qui n’ont absolument aucune chance de m’arriver, dont je ne pourrai tirer aucun enseignement, des aventures délibérément dépourvues de toute efficience. Relater par exemple quelque épisode intime, d’ordre strictement privé, divulguer un secret capital à moi seul confié ou tenir le journal de mon dernier rhume de cerveau. Rien que le périssable, le précaire, le fugitif comme les irremplaçables battements de pouls. C’est effrayant de penser qu’on se précipite vers la mort à 4800 pulsations à l’heure et qu’on ne peut pas freiner. » (Claude Courtot, « Cryptogramme », 1970, in Carrefour des errances, E. Losfeld, 1971.)