14 juillet 1919, le monument de la Fête de la victoire par André Mare
Artiste-décorateur et peintre, né en Normandie en 1885, André Mare fut l'un des artistes-combattants de la Guerre de 14-18. Il participa à la « section de camouflage » des armées et se vit confier après l’Armistice la réalisation d’un monument éphémère en l’honneur des soldats morts au combat destiné à être exposé lors des célébrations nationales du 14 juillet 1919.
Le 11 novembre 1918, André Mare note dans l’un de ses carnets « Aujourd’hui, ça y est, c’est fini. Dans St Quentin, c'est la joie, mais calme ; c’est tellement étonnant que ça écrase (1) ».
Démobilisé en mars 1919, la première moitié de l’année est consacrée à la réalisation d’un projet architectural en hommage aux victimes de la guerre pour la Fête de la victoire du 14 juillet 1919 à Paris. Avec Louis Süe et le peintre Gustave Jaulmes, il imagine un cénotaphe d’inspiration antique orné de quatre statues ailées. Construit en un temps record, il est installé sous l’Arc de triomphe pour la veillée du 13 juillet et déplacé sur un angle de la place pour les défilés du lendemain.
L’important dossier de presse (2) consacré à ce monument témoigne du caractère majestueux de la construction mais aussi de la façon ambiguë dont il fut perçu. Paul Ginisty dans Le Petit parisien évoque « un miracle d’improvisation [...] appuyé sur des théories réfléchies. [...] une décoration qui rompra avec toutes les vieilles habitudes », reconnaît « un monument d’une noble inspiration dans sa modernité », alors que pour Stéphane Lauzanne dans Le Temps, « Il est ce qu’il est avec ses quatre grandes statues de la victoire à la base et son énorme brûle-parfum au sommet. Michel-Ange [...] eut été lui-même incapable de rendre à nos quinze cent mille morts l’hommage magnifique et douloureux de nos âmes. [...] Et je ne suis même pas sûr que la foule [...] ait longuement regardé ses lourds bas-reliefs aux casques emmêlés ».
D’autres journaux iront jusqu’à reprocher à ce monument son caractère d’inspiration allemande, parlant « d’art boche », comble du malentendu envers des artistes qui ont toujours cherché à créer un art typiquement français (3).
Un important dossier de presse, des photographies et des cartes postales éditées à l’occasion de l’événement figurent dans le fonds André Mare et témoignent de la création et de la réception de ce monument éphémère.
Références :
- Carnet 10, 153MRE/7/10, fonds André Mare/Archives Imec
- Boîte 153MRE/63, fonds André Mare/Archives Imec
- Paul Ginisty, article du 7 juillet 1919, Stéphane Lauzanne, article du 14 juillet, dossier de presse 153MRE/63.