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« Je m'ennuyais à Chambourcy »

« Je m'ennuyais à Chambourcy »

Dans l’œuvre du cinéaste Éric Rohmer, la littérature occupe une place majeure. De nombreux films existent d’abord sous la forme de nouvelles, comme ici, le texte qui servira de base au film Le Genou de Claire. Des scénarios sont écrits comme des œuvres littéraires. Les archives sont alors le point d’observation idéal pour comprendre les mouvements d’un art à l’autre, voire leur hybridation.

« Qui est comme Dieu ? » s’interroge Éric Rohmer en tête de cette nouvelle écrite en 1949, à une époque où il se rêvait écrivain. S’agit-il du narrateur, plus tard incarné par Jean-Claude Brialy dans Le Genou de Claire et qui, dans son désœuvrement, s’attache à la réalisation d’un désir, « une caresse de moi seul connue » ? Ou s’agit-il de l’écrivain lui-même qui, au dernier moment, déjoue les plans de son personnage et exauce ce désir dans une circonstance plus spontanée que celle envisagée, mais aussi plus décevante ?

À moins qu’il ne s’agisse du cinéaste, reprenant ce texte au fil des années, à cinq reprises confie-t-il plus tard à ses étudiants, appliqué à transformer une idée littéraire en un film de long-métrage, pour faire advenir l’image d’un triangle de peau dévoilé par une jupe trop courte, le fantasme chaste d’une jeune fille en pleurs, consolée « d’un geste aussi anodin d’apparence » et pourtant si chargé du désir du narrateur.

Il n’y a dans cette anecdote ténue rien d’autobiographique affirme Éric Rohmer. Pour lui, « le film traite des rapports de la réalité et de la fiction, des sources de cette fiction ». Toutefois, il reconnaît également que « certaines situations qui sont dans les Contes ont pu se présenter à moi plus tard. Je pense que c’est une chose qui arrive à tout écrivain, non pas qu’on suscite magiquement les événements, mais qu’on ne voit d’eux que ce que l’on a rêvé d’eux ». 


Lien vers le fonds Éric Rohmer sur le portail des collections.
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