Alphonse Allais, le turbulent « neveu » de Francisque Sarcey
Les mystifications et plaisanteries littéraires peuvent prendre des aspects très variés. Celles d'Alphonse Allais envers le critique dramatique Francisque Sarcey furent nombreuses et surtout, elles ne s'arrêtèrent pas à la mort de ce dernier.
Alphonse Allais, écrivain et humoriste, né à Honfleur dans la même rue qu’Erik Satie, aimait lors d’occasions publiques se faire passer pour Francisque Sarcey, le critique dramatique le plus influent de la fin du XIXe siècle afin de le ridiculiser, ou bien faire courir sur son compte des rumeurs désobligeantes. Il lui arrivait aussi de signer des textes en son nom, lui prêtant des propos d’une platitude et d’une bêtise parodiques, comme dans « Les Beaux-arts devant M. Francisque Sarcey » dans Deux et deux font cinq paru en 1895, où il fait dire à Sarcey : « Si je n’avais pas tant à faire, je me mettrais à la sculpture. (…) Malheureusement, je suis myope comme un wagon de bestiaux… ».
Avec cette carte de mars 1903, Allais montre une ironique constance : Sarcey est mort depuis quatre ans et il souscrit de façon expéditive à la publication de son Journal de jeunesse, n’oubliant pas de réclamer la dédicace annoncée, ni de se revendiquer « neveu du défunt ».
Cette prétendue parenté tenait son origine de Sarcey lui-même. Homme célèbre, il était également victime d’autres mystificateurs qu’Alphonse Allais. Si ces farceurs voulaient suivre sa voie « littéraire », Allais revendiquait que seules deux personnes avaient le droit de signer Sarcey : lui-même (d’abord) puis Francisque Sarcey, « notre oncle à tous ». À quoi Sarcey, magnanime, répondait « mes neveux ont bien du talent ».
L'inventaire des archives du fonds Famille Sarcey-Brisson est consultable en ligne.