Sur la photographie de droite, Anne-Marie Albiach et Claude Royet-Journoud sont à Londres, ils marchent dans Highgate ; l’horizontale est une ligne, la verticale marque son arrêt, mais elle permet de continuer le chemin. Sur l’autre photographie, ils sont au bord de la Tamise.
Il faut préciser : le rire est là, aérien, soutenu, il fait entrer dans une intimité, c’est-à-dire un croisement complice. Derrière eux un homme partage leur rire. Claude Royet-Journoud ne porte pas Anne-Marie Albiach, elle vole. Dans un carnet daté de 1978, qui se présente comme une série de notes sur État, elle écrit : « Chute/la distance est horizontale. » Claude Royet-Journoud fait voler Anne-Marie Albiach, elle est l’horizontale.
Claude Royet-Journoud crée la revue Siècle à mains en 1963 à Londres, Anne-Marie Albiach et Michel Couturier feront partie de la rédaction plus tard, respectivement en 1967 et 1970. Au printemps 1970, dans le numéro 12 de la revue paraît la traduction d’Anne-Marie Albiach de « A » 9 (première partie) de Louis Zukofsky.
Dans le numéro 9 est inscrite l’adresse de la revue : 72 Hornsey Lane, Highgate, Londres N. 6. Le cimetière de Highgate ne doit pas être loin, c’est là que se trouve la tombe de Karl Marx. Anne-Marie Albiach lira Le Capital pour traduire « A » 9.
Plus tard, dans une lettre datée du 24 août 1983, Claude Royet-Journoud écrira à Anne-Marie Albiach : « Je ne cesse de penser à nos livres qui vont s’entrecroiser avec une joie immense. C’est un peu comme nos dates d’anniversaire (9-8/8-9).»
Francis Cohen