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D’Insaisies à Sollicitudes

D’Insaisies à Sollicitudes

C'est Insaisies.

Pour costumes, des vêtements confectionnés sur mesure, en soie et satin, plus une feuille de salade accrochée dans le décolleté ou sur l'épaule ou sur la hanche. Comme une maladie disait-il.

L'image ici, (réalisation peu heureuse d'une) transposition de prise vue d'un moment de la pièce. Les deux silhouettes sont celles de Bernard Glandier et moi-même. Un moment de duo, ou l'on s'approche l'un de l'autre, se croise à l'aide d'un genre de petit saut qui dans le même temps opère un demi-tour. Sans jamais se toucher.

Les costumes ont été dessinés pour chacun par Dominique Bagouet, réalisés par la costumière Maritza Gligo.

Elle était arrivée avec son matériel et installée dans l'appartement de Christine Le Moigne et Dominique ; et durant plusieurs semaines le lieu était devenu l'atelier de création des costumes. Avant ou après les répétitions c'était le défilé des danseurs pour les prises de mesure, puis les innombrables essayages. Dominique pointait son index précis sur un pli ou un creux à modifier peut être.

Insaisies, juillet 1982, c'est la première création à laquelle je participais, j'avais 19 ans et avais rencontré Dominique, Bernard et Sylvie Giron lors d'une audition parisienne en février de la même année. Quelques jours plus tard je prenais le train de nuit pour Montpellier. J'y ai appris par elle-même les rôles de Catherine Diverres qui quittait alors la compagnie en même temps que son partenaire Bernardo Montet. Nous avons dansé quelques fois ensemble Toboggan. Il avait fait une chose qui m'avait marquée alors. Nous avions une entrée au plateau, tous deux au même moment, lui à jardin, moi à cour, en face à face de nos coulisses respectives. Avant d'entrer nous nous regardions pour nous synchroniser, et encore en coulisse il avait fait une cabriole, invisible pour le public, puis il était entré en marchant, recueilli dans sa danse. Moi, alors perméable comme une éponge en avais été déstabilisée. Incapable de passer en une fraction de seconde d'un état à un autre. Peu importe la suite que j'ai évidemment oubliée. L'autre pièce reprise à mon arrivée est Grand corridor qui débutait par une danse en accumulation, en silence. Puis donc, Insaisies, dont la danse d'ouverture était un solo accompagné. J'ouvrais la pièce avec une drôle de danse de bras et pas de valse tout en ronds de jambe glissés. Bernard et Angelin Preljocaj en frères siamois rythmaient l'espace avec une structure mécanique dans un mouvement swing. De cette toute première danse que Dominique avait créée pour moi, j'ai repris quelques bribes pour l'écriture d'un solo sollicité par Hervé Robbe l'an passé.

Catherine Legrand