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Envoie-moi surtout des cigarettes

Envoie-moi surtout des cigarettes

Quelques mois avant de se donner la mort, Sarah Kofman publie en 1994 un court récit, Rue Ordener, rue Labat, où elle révèle l’enjeu secret de ses essais philosophiques : une enfance traquée par la police française sous l’Occupation, la séparation d’avec sa mère et ses frères et sœurs pendant toute la guerre, et surtout l’arrestation et la disparition de son père rabbin à Auschwitz. De lui, dit-elle, il lui « reste seulement le stylo », injonction muette mais tenace à « écrire, écrire ». En plaçant à l’origine de sa pensée et de son œuvre cette figure de père, aimée jusque dans ses objets et gestes quotidiens (la prière, la musique de Mahler, le goût des gauloises bleues, les chants hébraïques…), Sarah Kofman ouvre à l’une des plus profondes définitions de l’amour : c’est ce qui vous fait écrire.