Dans les articles de presse, paraissent parfois, comme ici, de belles photographies du spectacle, ainsi que des descriptions du jeu et de l'ambiance sonore. Mais surtout, ces papiers font état de positions tranchées, qui révèlent la manière dont une pièce comme Par-dessus bord a pu être comprise au fil du temps.
Dans ce long article de l'International HAD, Frédéric Mignon souligne la contradiction entre la force politique de la pièce de Michel Vinaver et la mise en scène de Roger Planchon, qui témoigne d'une fascination pour ce que la pièce dénonce : l'impérialisme américain. Ce qui est intéressant avec la réception de Par-dessus bord, c'est qu'au moment même de sa création des critiques très diverses et parfois contradictoires coexistent. Par exemple, le journaliste Matthieu Galey dans Combat se demandait si le TNP, qui vient de s'installer à Villeurbanne, était devenu « une succursale de la CGC [confédération des cadres] ». À l'inverse les cadres ont du mal à se reconnaître dans les pièces de Vinaver (voir le compte rendu de spectacle dans La Lettre confédérale de la CGC). Guy Dumur, dans l'émission « Le Masque et la Plume » sur France Inter, réfléchissait à voix haute : « on ne sait pas très bien de quel côté est Vinaver, car s'il est progressiste on ne voit pas bien comment il peut défendre cette entreprise familiale, qui d'ailleurs est présentée au début de façon assez ridicule (avec cette maison bien française, entourée d'Alsaciennes et de Poilus...), et quand l'entreprise s'américanise au contraire ça devient gai, sympa... c'est le plus capable qui s'empare de l'affaire et tout le monde a l'air très heureux à la fin, et très prospère. On ne voit donc pas où est la dénonciation. »
Sur des spectacles plus récents (celui de Christian Schiaretti en 2008, ou d'Arnaud Meunier en 2010), les articles sont bien plus à l'unisson, s'accordant tous à voir en Vinaver un observateur particulièrement perspicace des évolutions du capitalisme.
Simon Chemama