Avant de voir apparaître automatiquement le nombre de mots et de signes au bas de l'écran de l'ordinateur, on comptait chaque lettre, chaque signe de ponctuation et chaque espace d'une ligne, on multipliait par le nombre de lignes, et on avait une idée de l'occupation de l'article dans la ou les pages. C'était fastidieux, et il fallait bien le noter pour ensuite prévoir le chemin de fer du numéro. J'ai pris l'habitude d'utiliser des cahiers d'écolier où je consignais tous ces calculs et où les autres membres de l'équipe pouvaient se reporter quand c'était nécessaire.
Dès le début, j'ai été aidée par une secrétaire, Wanda Makowski. Puis Sylvie Dupuis nous a rejointes pour rédiger les actualités. Elle est partie (elle reviendra) et a été remplacée par Catherine Francblin qui plus tard sera la rédactrice en chef. Le cercle des collaborateurs s'est considérablement élargi.
Je m'aperçois aujourd'hui que mon écriture n'est pas seule à apparaître sur la couverture du premier cahier, mais aussi celle de Daniel Templon. De la liste à droite, seule (Dorothea) Rockburne ne figure pas au sommaire du premier numéro. J'en ai oublié la raison. Il est normal que Daniel et moi ayons conçu les tout premiers numéros ensemble. Il est normal aussi qu'au fil du temps, par la force des choses, c'est-à-dire du temps passé et du travail, le journal fût devenu beaucoup plus le mien ainsi que celui de ceux qui y contribuaient, que le sien. Des raisons profondes nous ont amenés, Daniel et moi, à nous séparer en 1976 après dix ans de vie commune, mais il est certain que le désaccord sur la manière de conduire le journal servit de prétexte.
Catherine Millet