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Les erreurs de Planchon

Les erreurs de Planchon

Cette petite feuille volante, rangée dans une chemise consacrée au spectacle de Roger Planchon, liste sans doute les critiques de Michel Vinaver adressées au metteur en scène après un filage ou une représentation. Elles concordent avec celles qu'il lui envoie, dans une lettre du 28 mai 1974, après la reprise du spectacle à l'Odéon : « ce qui tend à émasculer le spectacle, ce sont les clowneries/complaisances comiques dans le marketing. [...] Effets qui dénaturent le sens et dépolitisent. »

Michel Vinaver a toujours défendu un théâtre de la parole, que l'image menace car elle détourne l'attention. Pour Nina, c'est autre chose (1978), il précisait, par exemple, qu'une mise en scène doit faire comprendre que le personnage se déshabille et que le dialogue se rapporte à cela, mais sans montrer la nudité (et Jacques Lassalle, qui crée le spectacle, s'en est en effet gardé).

Ces exemples laissent penser que l'auteur redoute particulièrement un certain type d'image : grotesque ou obscène. Mais d'une part, cela vaut lorsque cette image n'est pas imposée par le texte (voir au contraire, au début de Par-dessus bord, les longues didascalies indiquant comment Passemar se fait malmener par ses danseurs), et d'autre part Michel Vinaver a pu aussi affirmer que le simple fait d'apporter sur scène une vraie « rosette de Lyon » (achetée par Hélène dans Dissident, il va sans dire [1978]) pose également un problème de représentation.

Simon Chemama