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Maximilien Rubel, pour redécouvrir Marx

Maximilien Rubel, pour redécouvrir Marx

C'est en 2008 que nous décidâmes avec Miguel Abensour de publier un livre dont le seul titre, Pour redécouvrir Marx [1], montrait que l'œuvre de Marx avait été mise sous scellé dès lors qu'elle n'avait pas l'aval des marxistes. La lire sans l'interprétation rendue obligatoire pour échapper à la doxa marxiste revenait à redécouvrir « Maximilien Rubel, une œuvre à l'écart ». Œuvre à l'écart, à l'écart de qui et de quoi, et pourquoi ? Ainsi, mes échanges avec Miguel Abensour reposent sur une lecture critique qui ouvre vers l'avenir dans les directions qu'il fallait ne pas perdre :

« L'amitié ne figure-t-elle pas […] cette relation qui laisse spontanément surgir la différence entre deux libertés, qui crée par le surgissement même des différences le lieu d'une relation ? » N'est-ce pas le sens de cette dédicace qu'il me fit en m'offrant La Communauté politique des « tous uns » : « Pour Louis, mon ami et mon premier lecteur qui ainsi me donne la force et le courage de continuer (7/11/2014). »

Voici le mot que j'envoyai à Miguel Abensour, le 12 août 2016, et qui faisait comme écho à l'avant-propos qu'il introduisit dans la réédition de son livre phare, Le Procès des maîtres rêveurs, en 2011 [2] :

« Socialisme ou Barbarie, Lefort et Castoriadis donc, apportait les éléments d'une réflexion, le surréalisme et Breton aussi, et Maximilien Rubel, et ta collection --- et ils répondaient à nos interrogations et à nos doutes. Et nous voici maintenant à mesurer la profondeur de cette histoire, et c'est par cette voie que nous nous sommes rejoints, sans jamais d'ailleurs nous être perdus de vue. »

Miguel Abensour traçait exactement les signes de convergences et de divergences qui nous tenaient toujours à proximité l'un de l'autre. La dédicace qu'il me fit dans son livre Le Procès des maîtres rêveurs, paru en 2000 chez l'éditeur Sulliver, résume en quelque sorte ce que signifiait l'amitié au sein de la triade utopique : « en remerciement de son soutien sans lequel ce livre n'aurait pas vu le jour. Merci aussi pour ta présence dans un dialogue interminable. »

Le point de vue de Miguel Abensour met au jour cette alliance qui définit de manière irrévocable la place de la triade poétique, politique et utopique :

« Pour reprendre une image chère à William Morris, Louis Janover, dans son essai "L'utopie, une question au présent", jette un pont entre deux rives, celle de la poésie et celle de l'utopie. Situant Pierre Leroux parmi les poètes, Nerval, Heine, Laforgue, Verlaine et Cros, il écrit "Pierre Leroux, en revanche, attise une aspiration poétique et politique qui rejoint la révolte contre tout ce qui menace aujourd'hui de verrouiller l'espace de l'utopie" (Le Surréalisme de jadis à naguère, Paris-Méditerranée, 2002, p. 264). Du même coup, il répond, comme j'ai tenté de le faire de mon côté, à l'invite lancée par André Breton dans Arcane 17, demandant que justice soit rendue aux grandes figures utopiques du XIXe siècle […]. »

Louis Janover

[1]Miguel Abensour-Louis Janover, Maximilien Rubel, pour redécouvrir Marx, Paris, Sens &Tonka, 2008.

[2] Miguel Abensour, Le Procès des maîtres rêveurs (Utopiques I), précédé de « L'utopie, une question du présent » par Louis Janover, Les éditions de la nuit, Arles, 2011.