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« Sens et non-sens du discours sur Marx »

« Sens et non-sens du discours sur Marx »

Le numéro 19-20 de la revue, Études de marxologie, qui date de janvier-février 1978, est un révélateur. L'avant-propos de Maximilien Rubel en donne la teneur :

« Plusieurs contributions (par Louis Janover) cherchent à "actualiser" un problème essentiel s'inscrivant dans le cadre d'une réflexion critique sur l'éthique du comportement révolutionnaire dans le domaine de la production intellectuelle en général et de l'expérience "surréaliste" en particulier. La relation avec l'humanisme socialiste — dont Marx avait épousé les postulats en adhérant à la cause du mouvement ouvrier — paraît d'autant moins douteuse qu'elle implique l'adhésion à l'exigence, inconditionnellement posée en raison et en utopie, de la disparition de l'antagonisme barbare entre le travail intellectuel et le travail physique.[1] », l'être humain étant créateur, donc artiste par essence, l'existence et la pratique de l'art ne saurait se concevoir comme spécialité et marchandise.

Le titre de ce numéro était Sens et non-sens du discours sur Marx. C'est dans la Présentation que nous avons mis en relief le texte lui-même :

« Première partie d'un travail plus vaste sur le surréalisme et les idéologies gauchistes, travail sans cesse remis sur le métier, cet essai, écrit en 1975, reprend les grandes lignes d'une réflexion sur la poésie amorcées dans le cadre d'une revue marginale, Front noir ; elle était placée sous le signe de la critique des aliénations politique et artistique et de la remise en question du rapport poésie-révolution inscrit au cœur même du projet surréaliste. […] mais l'analyse des causes qui ont rendu possible cette évolution nous obligeait à en reconnaître le caractère fatal et nécessaire[2]. »

Ainsi, les Études de marxologie ouvraient leur horizon sur une perspective critique qui nous ramenait à la triade par le titre même de la première partie de ce texte : « Surréalisme, marxisme et Révolution », qui date de juillet 1977. Pas d'autre problème que de revenir à ce qui était déjà au cœur de la revue Front noir, qui date des années soixante, et qui avait mis la révolution surréaliste en rapport avec les idées du socialisme de conseils.

Rendre Marx à Marx, le surréalisme et l'utopie à la révolution — cette mise en perspective permet de comprendre l'importance majeure de la collection, « Critique de la politique », créée en 1974 par Miguel Abensour.

Louis Janover

[1] Études de marxologie, n° 19-20, « Sens et non-sens du discours sur Marx », janvier-février 1978, p. 3-4.
[2] Ibid., p. 335.